Octobre 2014

Criez mes yeux
Comment cette chose a-t-elle pu arriver ?
L'enfant au rieur regard
L'enfant aux mains pleines
L'enfant au coeur débordant
Promise au soleil...
La fleur devait grandir grandir
Le temps devait la hisser
Jusque dans les arbres
et plus haut encore ?
Mais telle une ronce sauvage
Perdue devant trop de chemins
Croisements multiples
Brouillard
Vacarme tout autour
Devenue sourde
Mots jetés sans plus de sens
Où va-t-elle ?
Qui le sait ?
Visage éteint
Plus de sol sûr
Racines détruites
Feuille virevoltant au gré de chaque vent
Nord Sud Est Ouest
Petit oiseau
Titubant
Criez mes yeux
Criez mes yeux
De l'aide pour elle
De l'aide pour son appel
De l'aide pour ses cris déchirants
De l'aide pour son passé perdu
De l'aide pour son corps étranger
De l'aide pour son coeur fracassé
De l'aide pour ses multiples blessures
De l'aide pour les coups qu'elle a reçus
De l'aide pour l'enfant à terre
De l'aide pour elle
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Ô douleur insupportable car innocente
Ô douleur quotidienne - douleur à hurler
Elle, à peine sortie de la vie
Ô douleur folle.
Qui habite l'enfant.
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Ciel cruel
Qui rit à mes prières
Ne me donnant que l'impuissance.
Ciel cruel
Qui s'est abattu sur l'enfant
Je ne cesserai de combattre
Pour elle.

Pilate

Sauver l’un et l’autre, il ne fallait pas
protéger l’un et l’autre à la fois, pure folie.
Crête ou abîme
la petite tombe
abandonnée de tous
ni appui ni rampe
elle erre de haut en bas
pas de marches sûres
ni sol aimant.

Protéger le lion et le tendre agneau, pure folie.
Il ne le fallait pas.
Il ne fallait pas écouter la voix de ceux qui disent qu’ils savent.
Personne alors pour arrêter les coups de griffe
Personne 
La petite chute
abandonnée de tous.

Aimer, c’est aimer l’autre dans tous les espaces qu’il traverse
ne s’interdire aucun lieu
même celui où l’on n’est pas.
Aimer, c’est ne pas rompre le fil
quand l’autre est loin des regards
Ne m’abandonne pas, maman.

Tu n’aurais jamais dû me forcer d’aller chez lui. 
Il ne m’aimait pas, ne me respectait pas. 
Salope. 13 ans. 
Maman, pourquoi m’abandonnes-tu.


Pourquoi chercher pour ne jamais trouver
Pourquoi ne pas pouvoir hurler ni frapper
Pourquoi avoir atrocement mal
Pourquoi.
Je ne suis plus assez forte
Devant
Sa douleur infinie.
Tenir.
Trouver.
Là-haut plus personne pour accueillir mes prières.

Mon enfant
Ma petite.




La nuit, je questionne l'ange
devenu muet,
Et toujours 
Devant l'enfant

Recommencer insatiablement
le même geste

Avancer
Y croire
.... Mon Dieu, que puis-je donner ?


A genoux je suis d'avoir tant lutté
Tenir
Tenir
Chercher secours
Pour elle
Car je n'ai plus de forces
Plus de discernements
Et peut-être vais-je tomber aussi

SUIS-JE DANS L'ERREUR
QUE JE N'ARRIVE PAS MÊME A LA SAUVER ?
MOI, SA MERE ?
CHERCHER SECOURS
AUPRES D'AUTRES

Nous serons plusieurs mon enfant
Nous serons des milliers
A ne pas t'abandonner
A chercher l'issue
A pulvériser ta souffrance
A te récussiter
Nous serons des milliers
A t'aimer
A aider ta mère

Qui nous appelle


Lentement elle coule
Se laissant chuter
Dans le noir
Elle prie pour que sa vie s'arrête
Épuisée de tant de tentatives
Les murs se dressent
Contre sa poitrine
La vague enfle et emporte toute joie
Espoir jeté matin midi et soir
Plus la force les membres usés
Elle appelle la fin.


Je n'y arrive plus.

Ne pas pouvoir la sauver
Pendant toutes ces années
Jour après jour
Combats incessants
Plus de forces en moi

Et maintenant ce garçon
Immobile tel un galet
Et elle, se couchant aussi
Encore et encore
Des jours et des mois durant
Comme lui

Maman il me fait du bien
Il ne se lève pas pour toi
Toi qui a le dos fragile
Je hurle
Le voir tel un galet immobile
Le voir te voir partir
Et ne pas t'aider
Toi qui saigne de l'intérieur
Ne pas se lever
Et faire à ta place
Je hurle
Je hurle
Au-dessus de mes forces
Et c'est ce garçon qu'il faut que j'accueille

Ta maman n'a plus de force
Ta maman sombre
Et ne sait plus quoi faire
La folie la guette
Elle a trop donné

Je coule